lundi 13 mai 2013

Déclaration 14

Comme je ne tenais pas non plus à abandonner totalement ma formule «déclaration», je prends une pause de ma pause l'instant d'une petite récidive.

J'aime rire.
Qui n'aime pas ça? Oui mais pour moi, ça signifie quelque chose.
Je connais plusieurs types de rire. Certains sont anodins, d'autres plutôt forcés ou demandés et les derniers viennent des entrailles et sortent en éclats.
Des rires sans histoire, nous pouvons tous les compter par milliers. Ils surviennent lorsqu'une vieille dame fonce directement sur une fenêtre, lorsqu'un vieux monsieur qui passe par là a la perruque de travers, lorsque nous entendons une conversation idiote juste à côté ou lorsqu'un chat fait son mignon. Ils viennent et disparaissent aussi vite, somme toute très peu marquants.
Les rires forcés découlent souvent d'une obligation ou d'un malaise. Un humoriste fait une blague qui tombe à plat, puis les multiplie et on se sent obligés de rire pour éviter le malaise. Quelqu'un dit quelque chose du genre «Non mais tu ne croyais pas vraiment que la Tunisie était en Asie» et on rit nerveusement sans oser avouer que si, ce nom sonne très asiatique et qu'on revoit finalement la carte du monde et la découpe des continents parce que décidément, ça ne colle pas avec le reste de l'Afrique. Un patron tente de faire un brin d'humour mais il y échoue lamentablement alors nous rions poliment pour rester dans ses bonnes grâces tout en le maudissant intérieurement d'exister et de nous pourrir la vie parce que déjà un emploi au salaire minimum c'est chiant, en plus on n'a pas à endurer un tel con et s'abaisser à son humour débile. Bon, vous voyez le portrait là.
Heureusement, il y a le troisième type de rire.
Hier soir, j'ai passé quelques heures à me ventiler les tripes et rire à en perdre la voix. Bon, ma voix n'est pas si difficile à briser, mais quand même, je me suis vraiment amusé. Ma soirée fut simple, avec cette amie tout est toujours simple et nous laissons nos cerveaux s'emporter dans les pires délires et nous rions si fort qu'elle en a recraché son lait d'amande non sucré par le nez. J'ai ri au point de manquer d'air et produire des sons grinçants incontrôlables. Nous avons ri de voir l'autre rire, ri de ne plus se rappeler le déclencheur de cette hilarité croissante. Ce rire provient de la connexion entre elle et moi, des liens douteux que nous établissons entre des éléments disparates, des références boiteuses à des concepts souvent mal interprétés. Nos rires surgissent parfois avec les souvenirs, les gaffes et drôleries du passé.
Si nous rions tant, c'est que nous échangeons autant. Ainsi, l'amitié supplante pour moi n'importe quel spectacle d'humour, n'importe quelle malchance du quotidien.
Si j'aime rire, c'est parce que j'aime sentir une connexion avec certaines personnes.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire