lundi 6 mai 2013

Déclaration 14

Bon, un peu moins de temps entre mes deux textes, mais tout de même trop. Trop de jours à faire quoi? Vivre, rouler, dormir, bronzer au soleil inhabituellement chaud du début mai.

J'aime que le temps cesse de suivre son cours normal, juste pour moi.
Égocentrisme? Oui. Humilité? À quoi bon.
Le temps, personne n'y peut rien. Du moins, c'est ce qu'on croit, ce qu'on tente de nous graver dans la tête. Il faudrait le laisser passer sans rien dire, se réveiller vieux et se dire «Ah bon, il est passé, je passerai aussi», mais en fait ce serait s'avouer vaincu d'avance.
Le temps est subjectif, très subjectif même. Il ne change jamais de rythme, sinon la vie serait infernale pour tout le monde. Mais notre perception s'altère. Ces dernières semaines, j'accumule les plaisirs et je me fous de lui, il coule et je profite de son absence pour vivre. Loin de mes contraintes habituelles, de mon horaire prévu au quart de tour de force où je m'obstine à multiplier les retards juste pour me désobéir, loin du stress constant de manquer quelque chose ou de m'éterniser, loin des jours qui se ressemblaient tous, je me sens seul dans un monde de possibilités intemporelles.
De mon point de vue, j'ai enfin pris le contrôle du temps. Il me prend parfois l'envie de dévisager une horloge et de lui rire en plein visage, mais les gens autour risquent de craindre pour ma santé mentale. Déjà qu'au départ... Bref, là n'est pas le sujet. Je peux maintenant figer ou précipiter les secondes car je me suis libéré de moi, de mon désir d'emprise à la minute près sur ce qui de toute façon ne pouvait que m'échapper. Un son incongru d'une fraction de seconde se prolonge maintenant dans un écho inconscient où je m'interroge sur sa place dans mon univers, sur son impact et sa présence même. Une attente de trois éternités et quart chez le médecin se transforme en une scène de trente secondes entrecoupées par mes pensées, une sorte de pot pourri des meilleurs moments de cette salle d'attente.
J'arrive tout de même plus ou moins à l'heure là où on m'attend, là où je dois me rendre avant une certaine limite afin de bénéficier de ce qui m'y attend. La plupart du temps, je me laisse déconnecter du rythme humain qui ne sert qu'à nous couper de notre humanité.
Bref, j'aime bien avoir le sentiment d'échapper à une contrainte sociale écrasante. Plutôt que de vivre selon des barèmes imposés par tous et donc personne, je me concentre sur mes besoins, mes envies, mes obligations raréfiées. Je me sens libre.
Au final, j'aime ma nouvelle liberté. J'aime perdre les rênes auxquelles je tenais tant et me laisser aller. J'aime n'avoir de contrôle que sur ma perception du temps qui passe, entretenir l'impression de le modifier à ma guise.
Et pour reprendre mon ancienne signature, c'est à ce moment que je vois le monde de travers, encore.

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