vendredi 28 septembre 2012

Quelques pensées

Peu importe ce que nous avons pu partager par le passé, une rencontre impromptue ne garantit pas un bon moment. À s'accrocher au passé, à ses détails et quelques pointes de jalousie mal placée, nous oublions de s'intéresser à qui nous sommes devenus. Les gens changent, les relations s'éteignent.

Un maquillage naturel, si réussi soit-il, restera toujours un maquillage. Surtout sur un homme.

Écrire sans faire de fautes n'est pas nécessairement un gage de qualité. Certaines personnes écrivent très mal dans un respect total des règles de la langue. D'autres débordent de talent et laissent passer quelques bavures grammaticales quand même.

Tant qu'à boire un café décaféiné noyé dans cinq laits et dix sucres, bois un chocolat chaud.

Rechercher la perfection dans une nouvelle rencontre indique un échec assuré. Personne n'est parfait. Si tu cherches quelqu'un qui aimera tous tes petits défauts, arrange-toi pour aimer les siens d'abord.

Complimentez une vieille dame. Non seulement en sera-t-elle heureuse (dans le cas où vous lui dites quelque chose que vous pensez vraiment), mais en plus ça vous fera chaud au coeur. Donner le sourire à quelqu'un vous en donnera un aussitôt.

Certaines idées arrêtées peuvent vous aider à réagir vite dans certaines situations. C'est bien leur seule utilité. Les émettre entraîne un malaise, les promouvoir provoque un débat inutile et sans issue, les croire fermement mène à l'ignorance.

Si tu passes ton temps à te demander ce que l'autre pense de toi, tu ne pourras rien penser de cet autre. La paranoïa de la première rencontre (regarder ce que l'autre regarde, gratter le sens caché des phrases, fuir les sujets trop profonds, éviter de se dévoiler), ça tue l'envie qu'il y en ait une seconde.

Une vieille chanson peut rester actuelle. Une nouveauté peut être programmée pour être dépassée. Sachez apprécier les morceaux qui vous parlent et non ce qui joue ne boucle à la radio.

mercredi 19 septembre 2012

Imagination

Ferme les yeux et comprends ce que tu vois. Un homme, une femme, autre chose, un poteau de téléphone ou un navet, tous te demandent de détourner le regard pour mieux les voir.
Tiens, le navet, par exemple. Laid, un peu gâté, terreux, il hésite à se donner une couleur. Son image n'évoque rien, sinon un légume comme les autres de son espèce. Et c'est plate pas à peu près au coup d'oeil, un navet.
Ferme les yeux. Ta grand-mère en bikini. Euh, oublie le bikini. Disons habillée jusqu'au cou, avec un tablier lilas et des mitaines de four assorties. Ça sent la soupe, chez elle. Sa soupe aux légumes, celle qui te remet sur pied lorsque tu es malade, celle dans laquelle tu te baignerais tellement tu l'aimes. Dans sa recette, elle utilise un navet tout ce qu'il y a de plus ordinaire. Celui que tu voyais deux secondes plus tôt, par exemple.
Le poteau de téléphone, si tu t'approchais un peu de lui, tu y verrais gravé un coeur un peu croche avec JP+AUDREY écrit dedans. Bien que mal dessiné et à moitié effacé par le temps, tu te rappelles une Audrey qui fut ton amie, ton ex, ta coloc ou ton kick du secondaire.
Ce n'est plus un poteau ordinaire, pas plus que n'importe quel navet. Si tu passes ton temps à regarder avec tes yeux, ta vie va passer en un éclair banal, très banal et sans intérêt. Si tu te promènes les yeux fermés pour ne pas manquer un détail ou un sens caché, tu risques de te péter la gueule quelque part. Tout est une question de dosage.
Je regarde cette personne comme les autres. J'y vois un ancien patron, un confident, une opportunité de carrière, un ennemi juré, un parent, bref n'importe qui. Pourtant, je ne sais rien de son histoire. Il a peut-être fui la guerre des années auparavant, été amoureux d'une première dame qui a dû le laisser filer, participé aux Olympiques vingt ans plus tôt. De son côté, il ne sait rien de moi non plus. Il s'en fout, ça paraît. Il continue son chemin et ne regarde personne.
Cet homme est un navet comme les autres, dans dix minutes je l'aurai oublié complètement. D'autres croisent mon chemin plus souvent. Même en discutant avec eux, je ne saurai jamais leur vraie histoire. Je me crée alors différents scénarios, plaçant ces demis inconnus dans des situations rocambolesques au fil de mes émotions. Secrètement, j'espère qu'on me visualise ailleurs aussi. Comme ça, j'aurais une autre vie, d'autres aventures, loin de la banalité dans laquelle je commence à m'enfoncer. D'ici à ce que je la combatte vraiment, j'imagine le gars de l'entretien ménager en train d'apprivoiser un hippopotame.
À ce moment-là, je vois le monde de travers.