mercredi 22 janvier 2014

iCerveau de stagiaire résolu

Ce que je peux me montrer silencieux longtemps ici! J'ai beau me dire que je ne recommencerai plus, que le prochain texte viendra dans de brefs délais, que ça ne se fait pas d'écrire n'importe quand comme ça. Mais bon, je ne me convainc jamais.

Premier jour de stage dans une école primaire. La claque en pleine face de réalité m'a fait l'effet d'une caresse avec une feuille de Downy: je me sens chargé d'énergie, rafraîchi, un parfum de bonheur coincé dans le nez. Je ne pensais jamais me faire appeler « Monsieur Carl » un jour. J'étudie depuis vingt ans alors le rôle d'adulte responsable me tombe dessus par surprise. Je ne sais toujours pas quoi faire avec une classe de petits aux grands yeux intrigués, mais je sais que j'y ai ma place en avant. Je me regardais dans la classe, là où d'innombrables stagiaires ont passé en coup de vent dans mon parcours scolaire. Je me sentais là pour de vrai, presque à la fin de toutes mes formations et prêt à passer à l'action.

Mes résolutions n'ont pas l'habitude de faire long feu. Il y a quelques jours, un ami et moi avons passé une soirée à magasiner de la musique. Non seulement la résolution a tenu pour la première saison (nous verrons pour les trois prochaines), mais nous l'avons même dépassée. Deux albums chacun. Ayoye. Je redécouvre une vieille connaissance avec la version acoustique de Siberia, par Lights. Je m'extasie au son de l'album éponyme de Kasabian, groupe méconnu mais oh combien débordant de talent. Et puis je me dis que mes autres résolutions pourraient aussi subir le même sort. Rien ne m'empêche de partir du Canada plus longtemps que pour un café, de terminer mon roman et un autre plus petit projet ou de participer à plus de quatre concours. J'ai déjà soumis deux textes alors visons le dépassement. Plus on réalise de petits exploits personnels, plus on a envie de les multiplier.

Ces derniers temps, j'observe un phénomène alarmant chez plusieurs personnes: la perte de fonctions cérébrales. Personne n'a eu d'accident grave, non. Mais certains ont remplacé une poignée de neurones par un téléphone intelligent ou un iTruc. Lire un livre ne procure pas la même sensation que de feuilleter un document en ligne, même s'il s'agit du même texte. Puisque toute information qui n'est pas auditive ou visuelle semble mise de côté avec ces babioles, comment ces personnes peuvent-elles apprécier ce que leur disent leurs trois autres sens? Plusieurs se dépêchent de publier sur Instagram leur souper sans se préoccuper du goût ou du fumet ou de la personne assise de l'autre côté de la table. Le sixième sens connaît aussi une spectaculaire baisse de popularité. Il ne s'agit pas de communiquer avec les esprits ou de lire le futur, loin de là: le sixième sens passe par le cerveau. Pour moi, ce sixième sens se manifeste par des actions internes: chercher dans sa mémoire, réaliser une petite opération mentale, s'organiser dans sa tête et analyser la situation en direct. Cependant, qui se sert encore de sa mémoire ou de sa capacité à raisonner? Cette technologie biologique n'a pas connu de mise à jour depuis des siècles et elle devient fade à mesure que les gadgets électroniques se transforment en mini superhéros. Bientôt sur les tablettes: le iCerveau, compatible USB avec iTunes intégré et Wi-Fi.

Je vois sûrement le monde de travers, ou sinon je deviens technophobe, mais j'aimerais pouvoir me servir de mon pauvre vieux cerveau sans avoir l'air trop démodé.

samedi 4 janvier 2014

Résolutions anti-télé après une rupture-surprise

Premier texte de la nouvelle année. À la vitesse à laquelle j'écris depuis un moment, dans trois textes ce sera déjà l'année prochaine. Mais corrigeons ça.
Mes résolutions.
Pour 2014, j'ai mes résolutions, dont au moins la moitié ne seront pas tenues. Rien d'original jusque-là.
- Je veux aller voir davantage de spectacles (musique surtout, mais aussi du théâtre et saisir de nouvelles opportunités de découvrir la scène)
- Mon roman avec la voisine morte sera terminé en 2014. Faut bien rêver.
- Cette année, je décide de ne plus avoir peur de mes idées ou du ridicule qu'elles m'inspirent.
Toujours rien d'original.
- Assumer qui je suis. À condition de vraiment savoir qui je suis.
Bon, ça finit bientôt, cette liste de clichés?
- Prendre au moins trois très jeunes enfants dans mes bras sans qu'ils ne pleurent.
- Participer à au moins quatre concours (littéraires ou autres). Si possible, tous les gagner.
- Sortir au moins une fois du Canada en 2014. Même si je ne vais que prendre un café aux States.
- Acheter un album d'artiste ou groupe émergent par saison. Résolution en duo, sens-toi visé PMM.
- Poser encore plus de questions aux personnes que je rencontre. Mais de vraies questions, celles qui demandent un peu d'introspection ou qu'on ne pose jamais à ces gens.
- Amorcer les démarches pour une opération des yeux au laser. Sens-toi visé, corps.
Autant m'y mettre tout de suite. Justement, voilà un concours littéraire qui se présente...

Très récemment, on m'a laissé pour la première fois. Ce n'est pas pire que de laisser quelqu'un. À la longue, on s'y fait et c'est horrible de se dire ça. Mes émotions me giflent de temps en temps et j'ai envie de leur péter la gueule. En tant qu'homme, on m'a élevé pour les fuir. Après avoir tout fui, je me trouve con. Mais comme on élève aussi les hommes pour être considérés comme cons, je me dis que mon cas est plutôt réussi. Tout ça pour dire qu'un cœur mis de côté ne se brise pas facilement.

Quand on vit depuis des années sans télé, une soirée entre amis avec le dit appareil à côté de la table, de surcroît plus grand que le dite table, ça déstabilise. L'hôte l'allume et la conversation meurt, les regards se soudent à l'écran et les cerveaux s'éteignent. Chaque confrontation avec la machine infernale me fait réaliser pourquoi je vis si bien sans elle. Elle ne dit que des idioties, désinforme, sensationnalise sans retenue, prend trop de place, pète au lit et ronfle, j'en suis sûr. Tout ça pour dire que cette bête féroce peut bien dévorer l'ambiance, le développement de la pensée et les échanges sociaux chez les autres, elle n'entrera pas chez moi. Not over my dead body! En passant, La Voix commence bientôt...

J'écris donc sur un high de thé, après avoir bravé la plèbe fourmillante d'un centre d'achat de banlieue en plein samedi, encore irrité par la proximité d'une démone télé et fâché par une fin d'histoire qui m'a échappé depuis le début. Je ne vois plus le monde de travers, mais en caméra à l'épaule, avec lentille déformante, filtre bleu et batterie faible.