dimanche 26 mai 2013

Clivage

Qu'est-ce que le clivage, me demanderez-vous? Rien à voir avec le terme anglais cleavage, désignant un décolleté.
Le clivage fait partie de l'élite des mécanismes de défense freudiens. Tout le monde s'en sert, alors on peut le retrouver assez rapidement en se penchant sur un cas. Bien sûr, rien ne peut battre le refoulement, mécanisme si commun que le terme en devient employé à toutes les sauces. Les connaisseurs s'entendront tout de même sur la valeur du clivage.
Ah, ce cher clivage! Il paraît tout simple, mais se révèle d'une complexité parfois absurdement démesurée. En résumé, il est l'action inconsciente de séparer des parties de soi pour éviter de gérer les incongruités. Il se manifeste souvent par des phrases du genre «Une partie de moi est X, mais une autre est aussi Y». Ce faisant, les deux concepts contradictoires ou du moins incompatibles en apparences peuvent cohabiter dans une personnalité scindée en deux «côtés» distincts.
Le clivage ne se fait pas que de façon inconsciente, il apparaît évident lorsque nous observons une autre personne. «Il est si intelligent, mais il lui arrive de temps en temps d'agir en stupide» «Il est gai, mais il sait aussi faire le changement d'huile de son pick-up». Ça ne semble peut-être pas si clair. Il s'agit seulement de séparer les deux concepts qu'on ne veut pas faire coïncider.
Ce qui m'amène à mon propre cas. Une personne (fine observatrice avec de belles fesses en plus) m'a fait un drôle de compliment, tout récemment: «Vous êtes davantage un esprit qu'un corps».
Je vous laisse digérer la phrase. Pour moi, ce n'est pas encore fait.
Ce que cette personne voulait dire, c'est qu'on peut prioriser sa tête ou son corps, mais pas les deux. Les gens qui s'intéressent à mon physique ne remarquent peut-être pas ce qui m'est le plus cher chez moi. Ceux qui ne me voient pas mais me lisent ou m'entendent se tournent vers ce que j'aime le plus valoriser.
Peut-on être les deux à la fois? Certainement. Enfin peut-être. Est-ce que les besoins physiques imposent leur loi à la pensée, ou bien cette dernière gouverne et manipule un corps sans contrôle? Et s'il existait un entre-deux, un locus de contrôle dirigé autant par l'un que par l'autre?
Un mécanicien peut être gai et en être conscient alors qu'il travaille sur un moteur de char. Un génie peut être nul dans certains domaines et s'y voir confronté dans l'exercice de son génie.
Alors puis-je être un corps autant qu'une tête?

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