lundi 25 mars 2013

Déclaration 5

Ce texte de retard me reste encore en tête. Il viendra! Pour l'instant, mon texte du jour.

J'aime le vent.
Et pas juste avoir le vent dans les cheveux lors d'une séance photo ou dans la face en vélo. Le vent qui change les choses.
J'explique:
Chez mes parents, il fait mille degrés Celsius à l'année. Après une heure, mes lentilles cornéennes fusionnent à ma dite cornée et j'ai autant l'impression d'avoir un désert dans les yeux qu'un océan qui sort par les pores de ma peau. Bref, mes parents vivent dans une fournaise. Le meilleur moment de ma visite vient lorsque je leur dis bonsoir pour la quatorzième fois en une heure, donne la bise à ma mère et serre la main de mon père. Car voilà le moment où j'ouvre la porte et cesse de me brûler les bronches. Chaque fois, une bourrasque de fraîcheur m'emporte et je me sens tout léger, le poids du monde s'envole de mes épaules et l'énergie me revient. J'adore mes parents, mais ils me donnent souvent envie d'aller passer le reste de la journée dans un congélateur.
J'aime aussi le vent qui surprend. Au début du printemps, j'ouvre les fenêtres et laisse entrer un léger souffle parfumé de calcium, de lessive gelée, d'humidité et de nouveauté. Cette première ouverture se passe toujours dans un calme revigorant, jusqu'à ce gros coup de vent surprenant. Mes plantes déjà secouées par le pas lourd de la voisine d'en haut se mettent à frémir comme de vraies folles. Tout mon petit appartement se fige et la masse complète de son air renfermé sort en moins d'une seconde. Et puis tout sent le printemps chez moi.
Ça sent le printemps en moi aussi. À certains moments, j'ouvre les fenêtres de ma tête et le vent vient tout balayer. La poussière cognitive envolée, je retrouve les mêmes fondations, les mêmes meubles. J'aime changer de décor, alors je change mon monde interne. Tout ça grâce au coup de vent qui me passe dedans.

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