jeudi 21 mars 2013

Déclaration 2

Oh oui! Je réussis à tenir un défi personnel pour deux jours consécutifs. Sortez les ballons à l'hélium et les confettis.

Bon, ma déclaration du jour:
J'aime les gens qui ne marchent pas fort.
J'explique: La très grande majorité des gens marchent. Parmi eux, la norme voudrait un pas moyen, de force moyenne, d'amplitude moyenne et de style moyen. Malheureusement, la norme fait plutôt figure d'exception car personne ne marche ainsi.
Prenez ma voisine d'en haut, par exemple. Une chic fille, n'en doutez pas. Elle franchit une distance raisonnable à chaque pas, a du rythme et ne finit pas sa lancée avec une face de «bitch, please». Jusque là tout va bien. Mais à chacun de ces pas presque normaux, elle crée un nid-de-poule. Elle marche fort. Les assiettes tintent, mes plantes se font aller les feuilles et le haut des murs craque presque autant que le plafond (son plancher). Avoir un voisin d'en bas, je suis sûr qu'il l'entendrait.
Prenez le gars avec des lunettes de hipster qui travaille à la brûlerie à côté. Même dans le silence (ce qui arrive rarement dans une brûlerie située à une minute du campus universitaire), ses pas effleurent le sol. Je suis sûr que le plancher ne se rend même pas compte de sa présence tant il fait preuve de délicatesse à son égard. Même sans nervosité, il m'arrive de sursauter lorsque je le vois. Ses enjambées ne dépassent pas l'humainement possible (malgré sa grandeur vertigineuse). Le problème réside dans sa vitesse, elle aussi vertigineuse. Je cligne des yeux et pouf, le voilà à l'autre bout de la salle. Un autre clignement et bam, je renverse presque ma tasse parce qu'il se tient à dix centimètres de moi. Et je ne l'entends jamais arriver.
Des deux, j'aime mieux le gars qui vole comme l'éclair. Il peut causer des malaises cardiaques, mais il n'impose pas sa présence. La fille d'en haut, elle, martèle le monde pour prouver son existence. J'ai beaucoup de difficulté à endurer le pas lourd des gens qui n'arrivent pas à exister en silence. Comme si le fait de bardasser leur donnait plus d'importance, ou que de ne pas signaler leur présence les effaçait.
En plus, ça use les talons.
En plus, ça use les genoux.
En plus, ça use les planchers.
En plus, ça use ma patience qui déjà s'altère autant que le visage de Lindsay Lohan.
Bref, je n'aime pas les gens qui se fient aux oreilles des autres pour vivre. Ceux qui marchent trop fort finiront par défoncer le plancher, ou du moins causer davantage de nids-de-poule. Et pourtant, rien ne leur garantit qu'on les remarque.
J'aime mieux les personnes qui ne marchent pas trop fort. Dans la discrétion, on use moins ses talons et ses genoux et on s'assure d'une approche beaucoup plus délicate.

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