mercredi 20 juin 2012

Peine à perpétuité

Prison à vie. Je fronce les sourcils à chaque fois que je me rappelle les vingt-cinq années que représente cette sentence.
Je moisis en prison depuis à peu près vingt-cinq ans justement. Ma libération demeure invisible à l'horizon, contrairement à n'importe quel criminel grave jugé au Canada.
La prison à vie, c'est d'être enfermé dans un corps qui ne nous plaît pas. Pire, qui ne plaît pas aux bonnes personnes pour atteindre un but. C'est aussi avoir peur avant de tourner une page. Au moment de réaliser un changement ou de mettre les choses au clair, les barreaux se referment et je m'y enfonce toujours plus creux.
C'est de se réveiller chaque matin avec un mal de bloc, qu'on ait fait la fête ou non. C'est tout faire par habitude pour oublier les jours qui défilent. Pleurer de l'intérieur quand l'extérieur ne veut pas le faire. S'époumoner toute la journée dans sa tête parce qu'autrement, aucun son ne sort. Sourire avant que le masque ne se brise. Vomir ses idées sur papier. Les cracher au visage des autres. Mourir à petit feu en attendant des nouvelles qu'on n'a plus la force d'espérer.
La vraie prison à vie, ça dure beaucoup plus que vingt-cinq ans.

1 commentaire:

  1. ''C'est aussi avoir peur avant de tourner une page. Au moment de réaliser un changement ou de mettre les choses au clair, les barreaux se referment et je m'y enfonce toujours plus creux.''

    ''Pleurer de l'intérieur quand l'extérieur ne veut pas le faire. S'époumoner toute la journée dans sa tête parce qu'autrement, aucun son ne sort. ''

    ''Mourir à petit feu en attendant des nouvelles qu'on n'a plus la force d'espérer.''


    Tu as toujours les ''maux'' justes.

    Merci... Ça me fait toujours du bien de lire ce que, moi, je n'oses pas (ou plutôt ne sait pas comment...) écrire.

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