lundi 11 juin 2012

Boulet de canon

Seul.
Devant l'immense, la solitude s'absente. Le lucioles donnent le tempo, les lampadaires peuplent et l'eau rend le tout un peu plus humain. Juché sur un canon, le monde tremble à mes pieds. Je me sens tout-puissant, gorgé d'hormones, en plein délire mégalomane.
Un pas et la fin me happe de plein fouet. Un seul petit pas, maladroit ou déterminé, puis tout s'arrête. Je me laisse charmer par l'idée. Nous flirtons un moment. La faible brise me pousse à peine vers le précipice, hypocrite.
Mon heure ne viendra pas aujourd'hui. Je ne sauterai pas. Je me connais, je ne sauterai jamais et c'est tant mieux. D'autres le feront et j'ai une pensée pour eux, pour ces épris de la poussée. Je ne suis pas seul à la sentir. L'impulsion tend la main, tente de me prendre par le collet. Il faut la repousser, c'est ce que tout le monde dit. Comme si ça importait vraiment. Les pieds dans le vide au bout d'un canon, les autres diront bien ce qu'ils voudront.
Ma tête se vide, mes nerfs se relâchent. Les pensées intrusives s'évadent, les devoirs sociaux s'envolent. Il n'y a plus que mon corps infus de détente. Et le vide. Tomber, c'est s'endormir pour de bon. Une fuite dans le calme. Une fin insignifiante. Autant retourner sur terre et combattre.
À vie.

1 commentaire:

  1. '' Les pieds dans le vide au bout d'un canon, les autres diront bien ce qu'ils voudront.

    Autant retourner sur terre et combattre.
    À vie. ''

    Sublime.

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