lundi 15 juillet 2013

Chronique d'un festivalier 3

Le Festival d'Été de Québec a pris fin hier soir. Rappelez quelques artistes en urgence, je n'ai pas fini de publier des textes!

Sans blague, je suis aussi déçu que soulagé par la fin de cette série de spectacles. J'y prends très facilement goût et j'irais donc en voir tous les soirs si je le pouvais. Heureusement, ce besoin s'atténuera avec le temps et je ne devrais pas perdre la raison par manque de concert.
Et de toute façon, je suis tout de même un peu content de cette fin. Je ne crois pas que j'aurais pu baigner dans la foule une soirée de plus sans assassiner quelques personnes.
Pour la plupart, un assassinat ne constitue pas la meilleure solution. Car bien que certains devraient être éliminés pour le bien de l'humanité, beaucoup dérangent malgré eux. Ou presque.
Ceux-là mesurent six pieds ou davantage (pour les gens préférant le système métrique, plus de 1,80m) et jouissent d'une vue imperturbable sur la scène. Malheureusement pour tout le monde derrière, car ils obstruent ainsi leur champ de vision, les condamnant à adopter des poses parfois singulières pour y voir quelque chose.
Et encore, une seule grande personne ne pose pas tellement problème. À la limite, on laisse un petit espace derrière elle et tout le monde peut jouir du spectacle. Certaines nous offrent même gentiment de se déplacer de quelques centimètres ou de leur faire signe si elles nous empêchent de voir les artistes.
Le problème se présente lorsque ces grandes personnes se multiplient. «Qui se ressemble s'assemble», comme on dit. Le géant viendra donc se placer juste devant nous avec son groupe de cinq ou six géants de grande taille. Quinze personnes au moins ne verront plus rien, puisque aucun espace suffisant ne restera entre deux têtes en altitude.
Même, les géants peuvent parfois se nuire entre eux. Devant un grand, un groupe de géants l'empêchent de voir la scène, ce qui ne manquera pas de surprendre le spectateur habitué à dominer la plèbe de grandeur moyenne. Et si devant ce grand, un autre grand se trouve un peu décalé, les gens derrière doivent redoubler d'ingéniosité pour espérer entrevoir la scène furtivement de temps à autres, lorsque l'un des êtres démesurés se déplace.
Mais les gens dépassant la moyenne d'une tête environ ne sont souvent pas conscients du problème qu'ils causent. Pour eux, ils sont toujours de la même hauteur et si cela ne dérange pas ailleurs, il n'y a aucune raison de s'en faire.
Et puis viennent les grands méchants. Ceux qui arrivent juste au début du spectacle, alors que le champ de vision était parfait pendant une heure ou deux d'attente et qu'on se disait que c'était si bien comme ça. Ils fendent la foule et s'arrêtent juste devant nous, même pas dix centimètres à gauche ou à droite mais bien centré pour que tout ce que l'on puisse voir, c'est un dos un peu humide. Ils s'installent, regardent autour et même derrière eux. Ils nous lancent un regard de haut et se retournent vers la scène, conscients des jurons qui se multiplient derrière eux.
Vient le moment où moi ou l'un des dix petits des alentours lui tapote gentiment l'épaule pour lui demander de se déplacer d'un demi-pas de côté. Ce à quoi ils répondent qu'ils ont le droit d'être là comme tout le monde. Et si vous avez le malheur de leur signaler que dix personnes sont privées du spectacle et ne peuvent pas se déplacer pour trouver un meilleur angle, ils vous envoient promener.
Ajoutez à cela que ces géants désagréables poussent tout le monde pour arriver, se promener entre leur emplacement et les toilettes et le stand de bière le plus proche et aussi pour partir. Ajoutez aussi qu'ils risquent fort bien de tenir leur appareil à bout de bras, de s'étirer, de sautiller, se se pencher pour hurler à l'oreille des leurs amis, de vous asséner des coups de coude pas toujours involontaires en plein visage et même de vous reculer dessus et vous faire chuter entre vos voisins de derrière.
À chaque fois, on se dit qu'il devrait y avoir une section réservée aux gens démesurément grands et une autre pour les très petits. À chaque fois on ne pense pas que des petits, des moyens et des grands pourraient vouloir être ensemble. C'est une impasse.
D'ici à ce que quelqu'un trouve une solution aux problèmes de champ de vision, je me retrouve à avoir envie de leur couper les jambes, leur donner des coups de bat de baseball sur la tête jusqu'à ce qu'ils rapetissent ou leur grimper sur les épaules.
Et d'ici là, je dois me tenir sur le bout d'un pied en espérant me grandir assez pour y voir quelque chose et je me tiens si peu droit que je vois le monde (et le spectacle) de travers.

1 commentaire:

  1. Je me dois de remettre ce lien ici parce qu'il correspond tout à fait à ce qui est dis dans ce texte! http://www.ouifm.fr/grandes-personnes-concerts-gros-ras-bol-caro-76

    Un texte sur les personnes qui s'agrippent aux barrières comme des moules à un rocher devrait être envisagé...

    http://www.dorian-baptiste.com/

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