lundi 16 juillet 2012

Réveil-matin

N'importe quelle chanson entendue le matin a de fortes chances de vous tourner en tête toute la journée. Et même plus. Réglez votre réveil sur une station de radio débordante de mégahits suintants de pop bonbon. La journée sera plus positive avec «Lolipop, lolipop, sunshine and lolipops» qu'avec «Je suis un saule inconsolable».
Ces temps-ci, je fais un jukebox de moi-même. Je me spécialise dans les vieilleries québécoises. Je vous ai donc mentionné Ginette Reno et Marjo dans des textes précédents. Voici le tour d'Isabelle Boulay.
Je t'oublierai, je t'oublierai.
À première vue, écrire une chanson qui passera tous les jours à la radio risque davantage de faire perdurer le souvenir que de l'oublier. En fait, elle s'est probablement exorcisée de ce dit souvenir.
Je m'explique. J'ai passé des années à me couper des mes émotions. J'ai maintenu mon humeur au plus haut possible, quoi qu'il arrive. Du refoulement instantané, donc. Ça ne marche pas. Sur le coup, oui, l'oubli passe inaperçu, mais tôt ou tard, tout revient. Toujours plus fort, plus profond, plus blessant.
Alors c'en est fini. J'oublierai.
Je recommence. Rien de mieux pour oublier que de se lancer tête première dans le connu. Un connu plus savoureux, plus excitant, plus charmant et plus sexy. L'ancien rayonnait, le nouveau éclipse par sa nouveauté. Pendant que je me réconforte dans mes vieilles affaires, rien ne m'empêche de trouver mon nouveau.
Mon nouveau, il dort en moi. Mon nouveau moi moisit entre mon Moi et mon Surmoi. J'ai mal à la mâchoire juste à écrire ça. Je ne l'oublierai pas. Il entre en sommeil paradoxal. Le moment idéal pour lui laisser le contrôle, pour tester ses limites, pour flirter avec la hardiesse en sachant que je ne perdrai pas tout. Il me restera mon vieux moi, à la surface.
D'ici à une opportunité exceptionnelle, je règle mon réveil pour la provoquer. Sans appuyer sur snooze.

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